La polyvalence de l’autobus Citaro à plancher surbaissé fascine. Aménagé en véhicule de secours de grande capacité pour les pompiers de Stuttgart, il peut même sauver des vies.

À l’avant sur le tableau de bord se trouve un plan de Stuttgart, à portée de main en cas de besoin. À l’arrière, une armoire à hauteur de plafond contenant des médicaments ferme l’habitacle du Citaro Mercedes-Benz. Elle est partiellement tempérée, car beaucoup de perfusions doivent être à température du corps. Entre les deux, dix places assises pour les blessés légers et quatre emplacements de soin avec civière pour les blessés graves se répartissent l’espace. À cela s’ajoute une place supplémentaire avec civière lourde charge en face de la porte numéro deux. Tous les emplacements sont entièrement équipés avec ECG et défibrillateur, respirateur, aspirateur et pompe à seringue ainsi qu’inhalateur d’oxygène. Pour l’alimentation en 230 volts quand le moteur est en marche, le véhicule est également équipé d’un démarreur-générateur Dynastart®.

Nous sommes dans le Florian 5/89-01, le poste de travail des pompiers Paul Oort, 35 ans et Eckhard Wischmeyer, 56 ans. Les véhicules des pompiers s’appellent tous Florian en Allemagne, d’après le nom du Saint des soldats du feu. Le numéro cinq dans le nom de ce Citaro à l’équipement si spécial correspond à la caserne 5 des pompiers de Stuttgart. 89 est la désignation interne des véhicules de secours de grande capacité. Puis vient la numérotation continue. Ici, il n’y a qu’un numéro un, car les véhicules de ce type sont rares. Florian 5/89-01 est l’unique véhicule de ce type dans toute l’agglomération de Stuttgart.

« Nous sommes toujours prêts », assure Paul Oort. Le véhicule de secours de grande capacité intervient par exemple en cas d’incendie dans des immeubles collectifs ou des maisons de retraite, des carambolages sur l’autoroute, des atterrissages d’urgence à l’aéroport se trouvant à proximité. Donc, toujours quand de nombreux blessés sont à prévoir. Le véhicule spécial et son équipage sont également en alerte lors de grands événements à risque tels qu’un match de football difficile avec des groupes de fans qui s’affrontent, des manifestations politiques ou des conférences internationales. Dans ce cas, l’autobus prêt à intervenir stationne parfois à quelques rues de l’événement, en arrière-plan. Il peut remplacer cinq ambulances grâce à son équipement.

Les pompiers doivent passer un examen de connaissances des localités au même titre que les chauffeurs de taxi. Pour autant, ils ne peuvent pas connaître chaque petite rue de Stuttgart et de ses environs. Pendant le trajet, chacun réfléchit comment rejoindre au mieux le lieu d’intervention et les forces d’intervention sur place sont consultées pour savoir où se garer. Le transfert des blessés comporte aussi un certain nombre de difficultés compte tenu des douze mètres du véhicule. « Nous connaissons nos hôpitaux », souligne Paul Oort tout en insistant sur la nécessité de connaître l’emplacement exact de chaque clinique. Les trajets d’accès ont fait l’objet d’entraînements et il existe un concept qui définit à quels hôpitaux le Citaro peut accéder.

« Ceux qui veulent s’installer derrière le volant doivent avoir l’expérience des véhicules de grande capacité », d’après E. Wischmeyer. Un Citaro est deux fois plus long qu’un véhicule de secours classique. Une formation spéciale avec un moniteur du réseau de transport local est dispensée une fois par an. En guise d’entraînement, il conduit les conducteurs-sauveteurs à travers des quartiers et des rues aux passages étroits que les conducteurs d’autobus n’empruntent jamais. Des passages si étroits que, parfois, la simple roue avant déboitée d’une voiture en stationnement peut devenir un véritable obstacle. « Parfois, tout dépend de cinq centimètres », explique E. Wischmeyer qui complète, « en intervention, il arrive que nous devions reculer jusqu’à un kilomètre. » 

Le Citaro est en service à Stuttgart depuis fin 2005. Il a été acheté par le Land du Bade-Wurtemberg en prévision de la coupe du monde de 2006 et aménagé par Daimler Buses au BusWorld Home de Plattling, en Bavière. Depuis, il a parcouru environ 65 000 kilomètres et pas seulement à Stuttgart et ses environs. Il a également été utilisé plusieurs fois pour le transport de personnes obèses. Pour les personnes qui pèsent 300 kg et plus, les véhicules de secours classiques ne conviennent pas et les véhicules spéciaux sont rares. Le Citaro peut gérer cette charge, la civière pour charges lourdes peut supporter jusqu’à 725 kg.

Paul Oort raconte son intervention la plus extrême dans la nuit de la Saint-Sylvestre 2014 où il a fait quatre trajets. Il a d’abord transporté un enfant en bas âge avec médecin, infirmière d’urgence et un matériel imposant de Stuttgart à Francfort, au retour, il a dû intervenir au centre-ville de Stuttgart, puis sur un feu de balcon et un feu de garage. Mais quoiqu’il se présente : on peut compter sur Paul Oort et Eckhard Wischmeyer et leur véhicule de secours grande capacité. Branché sur son alimentation en électricité et en air comprimé, le Citaro est toujours prêt à partir à l’instar des nombreux autres véhicules de secours. En l’espace de deux minutes après l’alarme, les deux sauveteurs sortent du hangar au volant du véhicule pour rejoindre leur prochain lieu d’intervention.